Parachat Ki Tétsé
Amon et Moab (les hommes) ne seront jamais admis dans l’Assemblée de l’Eternel, et ce pour deux raisons : « parce qu’ils ne sont pas venus au-devant de vous avec du pain et de l’eau, sur le chemin, lorsque vous êtes sortis d’Egypte, et parce qu’il a payé Bil’am pour te maudire …» (Dévarim 23,5). Curieusement le verset mentionne en premier le fait de n’être pas allés à la rencontre des enfants d’Israël avec du pain et de l’eau. Autrement dit la Torah considère cette conduite comme plus grave que celle d’avoir cherché à les maudire.
Le Ramban (Nahmanide) explique que Amon et Moav, issus de l’union des filles de Loth avec leur père, ont manqué de reconnaissance envers la descendance d’Abraham, Abraham qui était parti en guerre pour sauver Loth, prisonnier des quatre Rois, Abraham dont le mérite avait aussi épargné Loth et ses filles du sort de Sodome. Amon et Moav se devaient donc, par gratitude, d’amener des vivres aux enfants d’Israël qui voyageaient dans le désert.
Cet impératif de reconnaissance (midat hakarat hatov), se retrouve dans Békhorot 5b. Pourquoi la Mitsva de « Péter Hamor », rachat du premier né de l’âne, lui est-elle réservée et ne concerne pas le cheval ni le chameau par exemple? C’est que les ânes, à la sortie d’Egypte ont servi à porter le butin, toutes les richesses emportées par les enfants d’Israël, selon la promesse divine. Et cette Mitsva est toujours en vigueur de nos jours.
Notre gratitude s’impose même quand la participation aura été passive, comme celle des chiens. Ils n’ont pas aboyé contre les juifs (Chémot 22, 30. Voir Rachi), en récompense les bêtes « Tréfa » leur seront données à manger. Et les êtres vivants ne sont pas les seuls concernés. Ce n’est pas Moshé mais Aharon qui a frappé le Nil pour la plaie du «Sang », le Nil qui a porté le berceau de Moshé. Également pour la plaie des « Kinim » (la vermine) Moshé n’a pas frappé « la poussière de la terre » dans laquelle il a enterré l’égyptien, la terre qui a ainsi caché son acte aux égyptiens.
Les Pirké de Rabbi Eliézer (ch7, 33) rapportent que celui qui ne reconnaît pas les « tovots »(les bienfaits) de son prochain finira par renier les tovot d’Hachem, à l’exemple du Pharaon qui ne (re) « connaissait » pas Yossef et qui osera dire Mi Hachem ? Qui est D… !
On remarquera que les Louh’ot (les tables de la loi) comportent deux parties, la première se rapporte aux obligations en Adam la Makom (de l’homme vis-à-vis du Créateur), et c’est là que se trouve intentionnellement la Mitsva du Kiboud Av vaEm (le respect des parents). Car la reconnaissance vis-à-vis des parents mène à celle des bienfaits de D…
Nous voyons que la notion de gratitude, la Hakarat Hatov, n’est pas une « Maala » une vertu facultative mais une qualité fondamentale (midda yessodit), telle que son manquement peut être reproché même à un non juif, et à tel point qu’il ne pourra, ni lui ni sa descendance, « rentrer dans la communauté de D… », c’est-à-dire épouser une femme juive, quand bien même il se serait converti au judaïsme.
Chabbat Chalom Oumévorakh