PARACHAT CHOFTIM

PARACHAT  CHOFTIM  

         Lorsque les enfants d’Israël devaient partir en guerre, le Cohen, oint pour la guerre, s’adressait à eux, pour les encourager, renforcer leur confiance en D…, et qu’ils n’aient pas à craindre l’ennemi qu’ils auraient à affronter. Avec cependant des restrictions : pour « l’homme peureux et au cœur lâche, qu’il s’en aille et retourne chez lui, pour que le cœur de ses frères ne défaille pas comme le sien ! » (Devarim XX, 8). Egalement pour celui qui « a construit une nouvelle maison et ne l’a pas inaugurée … (celui qui) a planté une vigne et n’en a pas encore acquis la jouissance,  (ou encore celui qui) a épousé une femme et ne l’a pas encore prise » (Id. 5-7) ; tous ces hommes pourront quitter le front et s’en retourner chez eux.

             Selon Rabbi Akiva, l’homme « peureux et au cœur lâche » désigne celui qui ne peut voir la lame nue d’une épée, et qui a peur d’aller au combat. Le Ramban explique que la crainte de l’épée chez cet homme révèle un manque de bita’hon (de confiance) envers D…, c’est pourquoi il ne peut être assuré de l’aide du Créateur dans la bataille.

            Quand bien même, explique le Rav Yéhezkel Lévinshtein zatsal,  serait-il animé de Emouna, la moindre difficulté ressentie à la vue de la lame hors de l’étui, témoigne de ce qu’il n’a pas encore atteint le degré suffisant. Et par conséquent, il ne mérite pas l’aide du Ciel. C’est ce que le prophète (Yéchayaou L, 10) dit : « qui parmi vous, révère l’Eternel ? … Dût-il marcher dans les ténèbres, ne voir luire aucune lumière, qu’il se repose sur le nom du Seigneur qu’il s’abandonne à son D… ! ». Même au moment où il ne voit pas de lumière et de sortie possible à sa difficulté, il en sera sauvé, si son bitahon en D… est fort.

            Mais pour Rabbi Yossi Hagalili « l’homme peureux au cœur lâche » désigne celui qui a peur à cause de ses péchés (Sotta 43a). C’est pour cela, d’après lui, que la Torah a exempté aussi celui qui a bâti une maison, planté une vigne ou contracté un mariage, motifs que tout un chacun peut présenter, et ce afin de dissimuler la véritable raison du retour de celui qui n’est pas exempt de fautes. Il pourra ainsi rentrer chez lui sans rougir, n’étant pas soupçonné par les autres, qui penseront qu’il fait partie certainement d’une de ces catégories.

            Réduire le nombre de combattants, c’est, d’une certaine façon, mettre en danger la vie des soldats restants, et pourtant, pour ménager celui qui a fauté, on n’hésitera pas à le faire. Si la Torah n’avait pas permis à cet homme de rentrer chez lui, «discrètement», il serait allé, malgré tout, au front, sachant pertinemment que sa vie serait en danger et qu’il risque de mourir dans la bataille. La honte subie à dévoiler ses fautes est, pour lui, plus difficile à supporter que la mise en danger de sa vie, en allant au combat. La Torah nous montre ici combien nous devons être attentifs à ne pas faire honte à l’autre quand bien même serait-il un pécheur.

            « Quel est l’homme qui a planté une vigne (…) qu’il s’en retourne chez lui, car il pourrait mourir dans la bataille », Rachi rapporte l’enseignement de nos Sages : « s’il n’écoute pas ce que dit le Cohen préposé, il mérite de mourir ». Pourquoi condamner celui qui ferait preuve de zèle, et qui prêt à renoncer à ses biens matériels s’engage pour le salut de tout le peuple ? C’est que par sa conduite, il va mettre en difficulté celui qui a fauté et qui risquerait lui aussi de rester pour ne pas dévoiler ses péchés.

            Lorsque le peuple d’Israël se conduit avec droiture et moralité, qu’il accomplit la volonté de D…, il est assuré de gagner toute guerre même avec un nombre réduit de soldats. Parce que « C’est l’Eternel votre D… qui marche avec vous, pour combattre pour vous contre vos ennemis et de vous procurer la victoire » (idem XX,  4).   

 Chabbat Chalom Oumévorakh