Parachat BECHALA’H

Parachat BECHALA’H

        Après que les enfants d’Israël aient traversé la mer rouge, les Egyptiens se lancèrent à leur poursuite. « Le Seigneur dit à Moché : Etends ta main sur la mer, que les eaux reviennent sur l’Egyptien, sur ses chars et sur ses cavaliers (…) la mer reprit son niveau (…) et l’Eternel précipita les Egyptiens au sein de la mer » (Chémot XIV, 27).

« La mer reprit son niveau (vayachav…léétano). » Nos Sages (Midrach Rabba Beréchit 5, 5) nous invitent à lire à la place, en permutant les lettres, « léténao », c’est-à-dire selon la condition initiale fixée par l’Eternel à la Création du monde, qui stipulait que la mer devrait s’ouvrir un jour devant les enfants d’Israël.

Mais alors, demande le Or Ha’haïm Hakadoch, pourquoi la mer refusa-t-elle de s’ouvrir, comme rapporté par nos Sages, en disant : « J’ai été créée le troisième jour, devrais- je me retirer devant ceux qui n’ont été créés que le sixième jour ? » (Chémot Rabba 21, 6). D’autant que des siècles plus tard, sans condition aucune, le fleuve sépare ses eaux pour laisser passer Rabbi Pinhas Ben Yaïr (Houlin 7a) qui allait accomplir la mitsva de racheter des captifs.

          Le Or Ha’haïm répond que la condition émise par l’Eternel, à la Création du monde, est l’obligation pour tous de se soumettre à la Torah, et d’obéir à ceux qui l’étudient.  Ceux-là pourront modifier la Nature, forcer le fleuve à séparer ses eaux, comme l’a fait Rabbi Pinhas ben Yaïr.

La mer comprend sa soumission à la Torah, qui est antérieure à la Création, mais refuse d’obéir à l’homme (créé après elle), chez qui la Torah est absente, les enfants d’Israël ne l’ayant pas encore reçue. C’est alors que l’Eternel pris la droite de Moché, par « Sa droite » (Yéchaya CXIII, 12), une allusion à la Torah qui nous a été donnée par « la droite de D… », et vient signaler par là que Moché est déjà un homme de Torah et que la mer doit se séparer devant lui. 

Le Rav Yé’hézkel Abramski, zatsal, explique dans un sens assez proche. Quelle est la différence demande-t-il entre la traversée de la mer rouge qui ne s’ouvre que lorsque Na’hchon ben Aminadav se jette à l’eau, et la traversée du Jourdain où « sitôt que les cohanim porteurs de l’arche (le Aron Hakodech) eurent trempé leurs pieds dans ses eaux (…) les eaux en amont s’arrêtèrent et formèrent comme un mur » (Yéhochoua III, 15-16) ?

Il répond que la traversée du Jourdain se situe après le don de la Torah, et que la Nature toute entière en est dépendante. A l’intérieur de l’Arche sainte, se trouvaient les tables de la Loi et le séfer Torah de Moché. Mais à la traversée de la mer rouge, la Torah n’ayant pas encore été donnée, c’est par le mérite de la Emouna et du méssirout néféch de Na’hchon ben Aminadav que la mer va se retirer et offrir son passage.

Chabbat Chalom Oumévorakh