ROCH  HACHANA 5779

ROCH  HACHANA

Roch Hachana est le début de l’année parce que c’est le jour de la création du premier homme, le véritable « commencement » du monde. C’est pourquoi, chaque année, est un nouveau départ pour lequel il nous faut repenser notre compréhension de la Volonté divine, et réaffirmer notre acceptation du Joug de la Royauté céleste, car c’est tout le but de la Création.

« Dites devant moi les versets de Malkhouyot afin que vous preniez sur vous le joug de Ma Royauté » rapporte le Talmud (Roch Hachana 16a). Ce n’est donc pas seulement dans la prière de Moussaf qu’apparait la Malkhout, et si l’on examine attentivement les prières de Roch Hachana, que nos Sages ont instaurées, elles sont toutes clairement tournées vers la Malkhout, vers la Royauté divine.

Mais comment, en pratique, pouvons-nous « prendre sur nous», comment ressentir et pouvoir exprimer cette soumission à la Malkhout ? La réponse est à la fois très simple et très complexe. Il nous faut apprendre à percevoir la Présence divine dans notre vie de tous les jours. Comme le dit le Réma au tout début du Choul’hane Aroukh : « Chiviti Hachem lénégdi tamid, (je T’ai placé mon D… devant moi en Permanence) ; c’est une grande règle de la Torah, et pour les Tsadikim qui marchent devant l’Eternel, car l’homme ne se conduit pas de la même manière s’il est tout seul chez lui ou en présence d’un grand roi … à plus forte raison lorsqu’il intégrera que Le grand Roi, l’Eternel, est présent devant lui et observe ses actions ».

L’œil humain ne nous aidera pas, à priori, à voir D… dans ce monde, car l’œil ne voit que le matériel et de ce qu’il ne peut voir il nous sera difficile d’en percevoir l’existence.

« Pour l’éternité, Seigneur, Ta parole demeure immuable dans les cieux » (Téhilim CXIX, 89). Le midrach explique ce verset : « ainsi dit l’Eternel : qu’est ce qui fait maintenir l’existence du ciel ? C’est Ma parole qui a dit : Que le firmament soit  (Béréchit I, 6). Comme il est dit aussi : Car Il a parlé et tout naquit, il a ordonné et tout fut là (Téhilim XXXIII, 9). La parole de l’homme, elle, ne fait que dévoiler sa pensée, il devra ensuite agir pour la réaliser. Alors que la parole de D… est d’emblée créatrice. A travers elle, Il révèle Sa volonté qui réalise et maintient à jamais l’existence de Sa création.

« D’âge en âge dure Ta fidélité : tu as affermi la terre et elle est inébranlable » (Téhilim CXIX, 90). Ta fidélité fait que le monde est maintenu (par Toi) de génération en génération. Mais nous, nous avons l’impression que le monde se maintient, pour ainsi dire de lui-même, comme si la nature était indépendante de D… . Parce qu’en effet, Sa volonté est que le monde soit ainsi perçu, afin que l’homme puisse avoir le libre arbitre et qu’il puisse se tromper et croire que tout est le fait de la Nature.

Le rav Desler zatsal (Mikhtav Mééliyahou tome I, 117-118) rapporte, au nom de Rabbénou Yeroukham, que la soumission à la Malkhout atteint les sommets, lorsque l’homme ressent qu’il ne peut pas fauter, tant la faute lui est devenue étrangère!

La Torah dit, à propos du maasser chéni, « Tu ne pourras pas consommer dans tes portes la dîme de ton blé (…) c’est devant le Seigneur ton D…, que tu devras les consommer en présence de l’Eternel, à l’endroit qu’Il aura choisi » (Dévarim XII, 17-18). Tu ne pourras pas ? S’agissant d’une transgression, la Torah aurait dû dire : tu n’as pas le droit ! Ce « tu ne pourras pas » laisse entrevoir une impossibilité inhérente. C’est pour nous enseigner qu’il faut arriver à ce degré, où l’interdiction est tellement forte (à nos yeux) qu’il nous est viscéralement impossible de la transgresser, preuve que notre volonté profonde est d’accomplir Celle de notre Créateur.

Chabbat Chalom et Chana Tova