PESSA’H

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A propos de la plaie des ténèbres, la Torah dit : « Pas un homme ne voyait son frère, et pas un homme ne se levait de sous lui durant trois jours, et pour tous les enfants d’Israël il y avait de la lumière dans leurs demeures. » (Chémot X, 23)

Rachi explique que cette plaie était divisée en deux parties. Pendant la première « on ne se voyait pas l’un l’autre durant trois jours » du fait de l’obscurité. Et les trois jours suivants « les ténèbres s’étant épaissies »,  « nul ne se leva de sa place » : qui était assis au début de cette seconde période était incapable de se lever, et qui était debout incapable de s’asseoir.

Rachi poursuit au nom des Midrachim (Tanhouma et Rabba) et s’interroge : « Pourquoi l’Eternel a-t-Il infligé aux égyptiens cette plaie ? Il répond : parce qu’Israël comptait en son sein des impies, qui pratiquaient l’idolâtrie, se trouvaient bien, et ne voulaient pas quitter l’Egypte. Ils reçurent leur punition et moururent pendant ces jours de ténèbres. Il ne fallait pas que les Égyptiens puissent assister à leur ruine et dire : eux aussi ont été frappés comme nous !  Autre raison : les enfants d’Israël ont pu pendant ces jours repérer les trésors des Egyptiens, et les leur emprunter à la sortie d’Egypte. A ceux qui prétendaient ne rien posséder, ils leur ont rétorqué : J’en ai vu chez toi et à tel endroit. »

Combien parmi les enfants d’Israël sont morts au cours de cette plaie ? Nos sages rapportent une discussion : « Et les enfants d’Israël partirent armés (va’hamouchim) du pays d’Egypte » (Id. XIII, 18). Le mot « va’hamouchim » peut aussi se traduire : un cinquième. C’est l’opinion de Rachi, les quatre cinquièmes sont morts en Egypte. D’après Rav c’est un cinq centième qui est sorti d’Egypte, et pour Rav Simaï c’est deux sur six cent mille (Sanhédrin 111a). Rabba nous dit dans cette même guémara qu’il en sera de même aux temps messianiques !  

Au moment de la mort des premiers nés « il y eut un grand cri dans tout le pays de l’Egypte comme il n’y en eut jamais auparavant et comme il n’y en aura jamais » (XI, 6). Pourtant chez les enfants d’Israël, avec autant de morts, dont certainement des familles entières touchées, il ne semble pas qu’il y ait eu des cris ni des pleurs. C’est que, souligne le Rav Réouven Karleinchtein, zatsal, les enfants d’Israël qui sortirent d’Egypte étaient empreints de Emouna, et comprenaient parfaitement que les autres devaient être punis et mourir en Egypte.

Pourquoi Rachi n’a-t-il pas posé sa question sur les autres plaies, à savoir pourquoi Hachem les envoya ? Le Téroumat Hadechen répond que c’est la première plaie dans laquelle l’Eternel change les règles de la Création. Après le déluge il est dit : « Jour et nuit ils ne s’arrêteront pas » (Beréchit VIII, 22), et là pendant six jours, il n’y avait plus de jour ! C’est pourquoi Rachi relève le caractère particulier de cette plaie.

D’après le Kli Yakar cette plaie était aussi bien différente en ce que personne ne pouvait se déplacer. Le Pharaon n’avait donc pas la possibilité de demander son interruption, s’il venait à faire Téchouva et à supplier Moché d’intervenir. Comme dit le Rambam, les Égyptiens ne pouvaient absolument rien faire pendant ces trois jours.

Chaque année nous revivons la sortie d’Egypte, comme nous disons dans la Haggada : « A chaque génération, l’homme doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Egypte. » Nous prions aussi pour que s’accomplisse la promesse du verset : « Comme à l’époque de ta sortie d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges. » (Mikha VII, 15) Amen

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