PARACHAT  YTHRO

PARACHAT  YTHRO

            « Yithro entendit tout ce que D… avait fait à Moché et à Israël Son peuple ». Il vint trouver Moché « au désert, où il campait ». Moché lui « raconta … tout ce que l’Eternel avait fait à Pharaon et à l’Egypte à cause d’Israël et toutes les tribulations qu’ils avaient rencontrées dans le voyage ». C’est alors que Yithro dit : « Je reconnais, maintenant, que l’Eternel est plus grand que tous les dieux (car la chose avec laquelle ils ont agit criminellement est retombée sur eux) », (Chémot XVIII, 1-11).

            « Plus grand que tous les dieux » ? Le Alchékh Hakadoch s’étonne : comme s’il pouvait y avoir d’autres dieux (quand bien même seraient-ils plus petits) que l’Eternel. Cette phrase est en soi un blasphème, et non pas une louange pour D… . On pourrait cependant répondre, dit le Alchékh, d’après l’enseignement de nos Sages, (Mékhilta Yithro 1) que Yithro, l’ancien prêtre, ayant servi toutes les idoles, toutes les Avoda Zara du monde, a voulu dire : « Je reconnais, à présent, que D… est le plus grand » ! Comment l’ai-je su ? C’est que « de tous les prétendus dieux » que j’ai servi antérieurement, j’ai compris qu’il n’y avait qu’un seul D… ».

Pourtant Yithro, informé des circonstances de la sortie d’Egypte, de la traversée de la mer rouge, et de la défaite d’Amalek, avait quitté son pays pour rejoindre le peuple juif. Il était déjà convaincu et décidé à se convertir. Qu’est ce que Moché lui aura rajouté pour qu’il déclare « je reconnais maintenant » ?

Le rav Réouven Karlenchtein zatsal, explique que, comme le rapportent nos Sages (Sotta 11a), Pharaon avait d’abord réuni ses conseillers, pour savoir comment s’attaquer au peuple d’Israël. Ses trois conseillers qui n’étaient autres que Bilaam, Iyob et Yithro, lui firent plusieurs propositions. Par le feu, ou au fil de l’épée, mais Pharaon y renonce car le verset prévient clairement : « l’Eternel, par le feu, ou par Son glaive fera justice de toute chair », (Yéchaya LXVI, 16). Le Zohar rapporte que Yithro, lui, avait proposé de ne pas toucher à la vie des enfants d’Israël, mais de se contenter de les asservir. Finalement c’est Bilaam qui suggéra de noyer les nouveau-nés mâles dans le Nil. Il pensait pouvoir échapper à la  punition « équivalente », en retour, étant donné que Hachem avait juré de ne plus frapper le monde par l’eau. Bien entendu il s’est trompé, car le serment de D… était de ne plus frapper le monde entier par le déluge, mais déverser un déluge de pluie sur un seul peuple, ou encore jeter ce peuple à l’eau et le noyer, restaient toujours des options éventuelles.

Pour les non-juifs, l’intention de fauter leur est comptée comme s’ils étaient passés à l’acte, et  la faute réalisée (Kidouchin 41a). A la lumière de ces particularités, le Rav Karlenchtein répond, qu’au fur et à mesure du récit des évènements par Moché, Yithro se rend compte que toutes les suggestions proposées par les conseillers, lors de cette fameuse réunion, se retournèrent contre les Egyptiens, « mesure pour mesure ». C’est pourquoi, maintenant, plus que jamais (Rachi), il reconnait. Car si les enfants d’Israël ne savaient pas tout ce qui avait été dit, dans ce comité restreint des conseillers de Pharaon, Yithro, lui, qui y participait, était à même de pouvoir remarquer combien les  punitions des Egyptiens furent adaptées, « mesure pour mesure ». La grêle accompagnée de feu était la juste sanction du dessein de brûler les enfants d’Israël. De même pour chacune des autres propositions formulées par les conseillers. Yithro, lui-même, fut puni par des souffrances pour ne s’être pas opposé, au décret du Pharaon, sur les nouveau-nés mâles.

            Onkélos traduit cette partie du verset : «… car la chose avec laquelle ils ont agit criminellement est retombée sur    eux », par « la chose avec laquelle  les égyptiens  pensaient frapper les enfants d’Israël, par elle, ils furent ainsi jugés ». Et Rachi d’expliciter « c‘est par l’eau qu’ils avaient prémédité de les faire périr, et c’est par l’eau qu’ils ont péri ». La particularité de l’enseignement du rav Karlenchtein est qu’il vient élargir la culpabilité (et par suite la punition) du Pharaon et de ses conseillers à leurs intentions quand bien même elles n’ont pas été mises en pratique.

Chabbat Chalom Oumévorakh