Parachat Vayéra

Parachat Vayéra

La Torah rapporte, vers la fin de notre paracha, la Akédat Yits’hak : « Abraham prit le bois du sacrifice, le chargea sur Yits’hak son fils, prit en main le feu et le couteau, et ils allèrent tous deux ensemble. » En chemin, Yits’hak demanda à son père : « Voici le feu et le bois, mais où est l’agneau du sacrifice ? » Abraham de lui répondre : « D… choisira lui-même l’agneau de l’holocauste, mon fils » et le verset de reprendre : « Et ils allèrent tous deux ensemble. » (Beréchit XXII, 6-8)

Rachi explique qu’au premier verset : Abraham savait qu’il partait immoler son fils, et marchait volontairement, avec joie (à l’unisson) avec Yits’hak, mais qui, lui, ne savait pas qu’il devait être le sacrifié ; ils allèrent ensemble avec le même entrain et la même joie. Quant au deuxième verset, Rachi écrit : « D… choisira l’agneau, mais s’il n’y en aura pas, tu seras toi l’holocauste, mon fils et bien que Yits’hak ait compris qu’il allait être égorgé, ils allèrent tous deux ensemble, d’un même cœur. »

Finalement, lorsque Yits’hak fut épargné, « Abraham retourna vers ses serviteurs ; ils se levèrent et se remirent en route ensemble pour Beér Chéva… » Quel sens, dans ce verset-ci, prend le mot « ensemble » ?

Pour le rav Pinkous, zatsal, la Torah nous décrit ici le sentiment d’Abraham, déçu d’avoir reçu l’ordre de D… de ne pas égorger son fils. Il se vivait maintenant du même niveau spirituel que celui de ses serviteurs, Eliezer et Yichmaël, « ensemble », comme eux. Il avait certes, reçu les promesses de l’Eternel pour sa fidélité mais Abraham n’avait pas pu atteindre le niveau de celui qui aurait effectivement sacrifié son fils à l’Eternel. Pour D…, cependant, les cendres de l’agneau sur l’autel symbolisent les « cendres de Yits’hak », qu’elles sont venues remplacer.

La Torah viendrait nous apprendre par là que pour « celui qui pensait faire une Mitsva et qui en aurait été empêché, elle lui sera comptée comme s’il l’avait accomplie » (Berakhot 6a). L’essentiel est donc dans la volonté manifestée et pas nécessairement dans le résultat.

Une autre explication est rapportée par le rav Réouven Karlénchtein, zatsal, au nom des commentateurs. Pour avoir été prêt à sacrifier son fils pour D…, la descendance d’Abraham en tirera profit jusqu’à la venue du Machia’h. On rappellera tous les jours dans la prière, le souvenir de la Akédat Yitshak, et plus particulièrement les jours de Roch Hachana et de Kippour, avec la sonnerie du chofar provenant d’un bélier, et dans la prière de Moussaf. Abraham a, ce jour-là, atteint un niveau de Emouna et de Méssirout nefech pour l’Eternel, dont il aurait pu tirer orgueil. Le verset vient donc témoigner qu’Abraham se mit en route « ensemble » avec Eliezer et Yichmaël : il ne se sentait pas plus grand qu’eux lesquels n’avaient rien fait de spécial et qui étaient restés à attendre avec les ânes.

« Si tu as étudié beaucoup de Torah, tu ne dois pas t’en orgueillir, car c’est pour cela que tu as été créé » (PirKé Avot Ch 2, 8) et de même pour l’accomplissement des Mitsvot. Nos Sages nous enseignent également (Tana débé Eliyahou) que l’homme doit se dire : « Quand est-ce que mes actions atteindront le niveau des actions de mes pères, les patriarches, Abraham, Yits’hak, et Yaakov. »

Chabbat Chalom Oumévorakh