Parachat VAYECHEV


Parachat  VAYECHEV

La Guémara Sotta (36b) rapporte, au nom de Rabbi Chimon Hassida, que pour avoir sanctifié le nom de D… en secret, Yossef a mérité de voir rajoutée à son nom une des lettres du Nom divin, le « hé », comme il est dit : « C’est un témoignage qu’IL établit en YéHosssef quand il sortit contre l’Egypte (Téhilim 81,6) ».

La Guémara s’interroge : en quoi a-t-il sanctifié le Nom divin ? C’est parce qu’il est écrit : « il arriva que ce jour-là, comme il était venu dans la maison pour faire son travail », et d’après Rabbi Yohanan, le travail en question, c’était pour fauter, Yossef s’y était préparé ! Mais au moment où « elle le saisit par son vêtement » il eût la vision de son père Yaakov qui lui dit : « un jour, le nom de tes frères et ton nom seront inscrits sur les pierres du Ephod porté par le Cohen Gadol, voudrais-tu que le tien soit absent, et que tu sois appelé « l’homme qui fréquente des courtisanes (Michlé XXIX, 3)« 

Pour le Maharcha la réponse de la Guémara parait contradictoire. Le Ben Ich-‘Haï rajoute que pour cet acte Yossef est appelé le Tsadik, par excellence, celui qui a surmonté l’épreuve ! Alors que la femme de son maître « lui parlait jour après jour et il ne cédait point ». Sa crainte du Ciel était manifeste : « comment puis-je commettre un si grand méfait et offenser le Seigneur ». Mais alors comment comprendre qu’il soit venu pour fauter et que seule l’apparition de son père l’ait retenu ?

Qu’elle est au juste la grandeur de Yossef ? Après tout le Talmud rapporte, plusieurs exemples, d’autres qui ont su résister à la faute, comme Rabbi Tsadok qui rentra dans un four brûlant pour échapper à une courtisane. Rav Kahana, accosté lui aussi par une courtisane, se jeta d’un toit pour ne pas succomber et fut sauvé par miracle par Eliahou hanavi qui vint le rattraper (Kidouchin 40, a).

Le Ben Ich-‘Haï explique (dans Ben Yéhoyada) que l’homme qui d’emblée rejette la tentation, va pouvoir en développer un profond dégoût. Le gouverneur, qui voulait éprouver Rabbi Akiva, lui envoya deux courtisanes pour le séduire. Rabbi Akiva se détournait en crachant sans arrêt autour de lui. Elles retournèrent dire que l’humiliation qu’elles avaient subi cette nuit-là était plus forte que la mort ! (Avot de Rabbi Nathan). Rabbi Akiva confia qu’il avait senti des odeurs putrides de cadavres, qui l’avaient dégoûté (engendrées par la répugnance de la faute, qu’il avait ancrée en lui).

C’était également l’attitude initiale de Yossef, mais il vint à penser qu’il n’avait, dès lors, plus aucun mérite, et c’est pourquoi il cherche à se mettre en situation de faute pour acquérir le mérite d’avoir résisté. A ce moment son père lui apparaît … pour l’aider ! Et c’est en cela qu’il reçoit le titre très particulier de Tsadik. C’est aussi ce qu’entend la Guémara quand elle souligne la sanctification du Nom divin. Elle ne voit pas en l’acte de Yossef une particularité analogue à celle des autres Sages comme rapporté. C’est l’acte spécifique de mise en situation et sa maîtrise au dernier moment qui élèvent Yossef à la sanctification du Nom Céleste.

Abraham aussi, poursuit le Ben Ich-‘Haï, au moment de la Akéda, marchait joyeusement, heureux d’accomplir la volonté de son Créateur, bien qu’il allait pour égorger son fils. Mais au moment de la Akeda il pleure et ses larmes coulent sur son fils Yits’hak. Le Maguid de Douvna explique que Abraham, pressé d’accomplir la volonté de D… ne voyait plus, pour lui, d’épreuve et c’est alors qu’il décide de réveiller ses sentiments paternels, et qu’il se met à pleurer pour que l’épreuve soit véritable. Et c’est au moment où l’amour pour son fils est au plus fort qu’il va se ressaisir pour accomplir avec joie la volonté de l’Eternel.

Chabbat Chalom Oumévorakh

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