PARACHAT VAYECHEV

PARACHAT VAYECHEV

« Lorsque Yossef fut arrivé près de ses frères ils le dépouillèrent de sa tunique, de la tunique bigarrée dont il était vêtu », (Beréchit XXXVII, 23).

Pourquoi les frères de Yossef lui ont-ils enlevé sa tunique ? Par jalousie ? Par détestation ? Le Rav Chalom Chvadron zatsal, répond, en nous rappelant que la Halakha exige du juge qu’il soit neutre. Et pour ne pas qu’il soit influencé par l’une des parties, il convient que les personnes à juger se présentent sobrement vêtues, voire habillées strictement, de la même manière, (Chvouot 31). Les frères de Yossef voulaient le juger sans tenir compte de cette tunique, que Yaakov avait offerte personnellement à Yossef, et qui était la source de leur jalousie.  

Le Midrach Rabba (Bamidbar 13, 17) nous surprend : « Ne pense pas que la vente de Yossef par ses frères, était le fait de Réchaïm. Bien au contraire, ils étaient des Tsadikim ! C’était la seule faute de leur vie. D’ailleurs, accusés en Egypte, ils ne se trouvèrent aucune autre faute. Pour Yossef, devenu gouverneur de l’Egypte, finalement ce fut un mérite. Grâce à quoi il a pu nourrir son père et ses frères pendant les années de famine. C’est pour ce faire qu’il fut vendu par ses frères. Or un mérite n’est envoyé que par l’intermédiaire de méritants. » En fin de compte la vente en elle-même fut salvatrice pour le peuple d’Israël tout entier.

Curieux alors, ce Midrach (84, 17) qui dit : « Quand Tu as voulu Tu leur as mis de l’amour dans leur cœur et quand Tu as voulu Tu leur as mis de la haine. D… dit aux enfants d’Israël : Puisque vous avez vendu votre frère pour vingt pièces d’argent (cinq sélaïm) vous devrez donc racheter vos enfants pour cinq sélaïm. » Si la vente de leur frère, en elle-même, n’était pas répréhensible, pouvant même se justifier comme donnant de la valeur à Yossef, l’argent de cette vente, ils n’auraient pas dû le prendre.

A cet égard, le Rav Chvadron rapporte le verset : « … parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent et le pauvre pour une paire de sandales »  (Amos II, 6). La « paire de sandales », ferait allusion à la vente de Yossef !

Les Tossafot expliquent que Yossef, dans le puits, était devenu extrêmement pâle, terrorisé par la présence de serpents et de scorpions. Son prix de vente fut fixé à vingt pièces. Mais déjà, à moitié sorti, il retrouvait des couleurs, et ses frères ne voulaient plus le vendre pour une si petite somme. Le nouveau prix fixait une paire de sandales pour chacun des frères. Si vraiment la demande d’argent était pour « faire valoir » Yossef, ses frères n’auraient pas dû ensuite réclamer davantage, apportant la preuve que l’argent était aussi leur intérêt personnel.

A l’époque des romains, dix Sages accusés d’être descendants des frères seront sacrifiés en martyrs, en expiation de la vente de Yossef. Pourquoi dix ? Réouven était pourtant absent au moment de la vente … c’est qu’il profita lui aussi de l’argent et des chaussures.

Chabbat Chalom et ‘Hanouka Saméa’h