Parachat Tétsavé (sur POURIM)

Parachat Tétsavé (sur POURIM)

A l’époque de Mordékhaï et d’Esther, l’Eternel fut très irrité contre les bné Israël, et décréta qu’ils seraient persécutés par Hamann lequel voulait les exterminer. Le peuple observa trois jours de jeûne et de repentir, dans des prières et des pleurs suppliant l’Eternel de lui porter secours.

Nos sages (Méguila 12a) s’interrogent sur les raisons de ce décret funeste. Les élèves de Rabbi Chimon Bar Yohaï lui avaient d’abord proposé : « C’est parce que les bné Israël avaient participé au festin d’A’hachvéroch» Mais Rabbi Chimon leur rétorqua que dans ce cas, le décret n’aurait dû concerner que les seuls habitants de Chouchan. C’est en fait, leur révèle Rabbi Chimon, parce que les enfants d’Israël s’étaient prosternés devant une idole, représentant Nabuchodonosor.

Mais le Midrach (Esther Rabba 7) rapporte que la raison était aussi parce qu’ils avaient profité du festin. Bien que la nourriture et le vin étaient entièrement « cacher » et sous la surveillance de Mordékhaï lui-même (par ordre du roi), ce fut l’élément déclenchant. Mordékhaï les avait exhortés de s’en abstenir car ils risquaient de se rapprocher des non-juifs, ce pourquoi il nous est interdit de consommer un aliment cuit par un non-juif. Mais les juifs de l’époque avaient répondu à Mordékhaï que c’était un ordre du roi, et qu’il ne fallait pas le transgresser, de crainte que leur absence ne provoque sa colère et par suite des conséquences néfastes. Bien que cet argument semble justifié, Mordékhaï leur expliqua qu’il n’y avait qu’à faire la volonté de l’Eternel.  

Des années plus tard, « tous les serviteurs du roi admis à la cour royale, s’agenouillaient et se prosternaient devant Hamann, car tel était l’ordre donné par le roi en son honneur », mais « Mordékhaï ne s’agenouillait ni ne se prosternait » (Esther III, 2). Là encore, surgit la même opposition : les Bné Israël reprocheront à Mordékhaï de transgresser l’ordre du roi et de mettre tout le peuple en danger (Méguila 12). Mais « Mordékhaï ne se levait ni ne bougeait devant lui » (Esther V, 9). D’après le Maharal de Prague, il n’essayait même pas de l’éviter ou de passer par un autre chemin. Pour lui la réparation de la faute des enfants d’Israël commençait par le fait de ne pas à nouveau se prosterner devant cet homme.

Ce n’est que lorsque le décret de Hamann fut publié, que les enfants d’Israël comprirent qu’ils en étaient eux-mêmes les responsables, et que leur idée de ne pas provoquer la colère d’A’hachveroch, en participant au festin, était justement leur faute et l’attitude de Mordékhaï celle de la réparation. Ils se rassemblèrent aussitôt pour jeûner et implorer la miséricorde divine.

Esther aussi se rend au palais pour trouver grâce aux yeux d’A’hachvéroch, mais elle maintient son jeûne et ses prières. Elle se présente devant le roi, affaiblie par les trois jours de jeûne et soutenue par ses servantes (Esther rabba 9, 1). Cette attitude pourrait être contradictoire avec un minimum d’Hichtadlouth (démarche personnelle), mais c’est justement à ce moment même « qu’elle se revêtit de ses atours de reine » ; et d’après le Gaon de Vilna, qu’elle reçoit l’esprit prophétique. Contrairement à la nature des choses, le roi accepta immédiatement sa demande.

Après leur repentance, l’annulation du décret et leur ennemis tués, les enfants d’Israël furent au contraire appréciés par tous les non-juifs qui les entouraient, et même « la crainte de Mordékhaï s’était emparée d’eux » (Esther IX, 3).

Ces événements de la Méguila, conclut le rav Haïm Fridlander, zatsal, nous apprennent que le rapprochement, qu’ils pensaient au départ comme étant important, fut justement la raison de leur disgrâce, alors que l’attitude de Mordékhaï, qui aurait dû aggraver leur situation, fut le début de leur salut.

Chabbat Chalom et Pourim Saméa’h