Parachat Pin’has

Parachat Pin’has

Au début de notre paracha, la Torah nous ordonne impérativement : « Attaquez les Madianites et taillez-les en pièces ! Car ils se sont montrés vos ennemis, par les ruses qu’ils ont machinées contre vous au moyen de Péor, et au moyen de Kozbi, la fille du prince madianite, leur sœur … »  (Bamidbar XXV, 17-18).

Cette recommandation est quelque peu étonnante, car si effectivement Kozbi était une princesse madianite, c’est avec les filles de Moav que les enfants d’Israël se sont livrés à la débauche, comme il est précisé à la fin de la paracha de Balak : « le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav » (Idem. 1). La logique voudrait donc qu’on s’en prenne aux gens de Moav, plutôt qu’aux Madianites. Pourquoi donc les Madianites ? Parce quils « se sont montrés (nos) ennemis, par les ruses qu’ils ont machinées contre » nous ! Mais à quelles ruses la Torah fait-elle ici allusion ?

Le rav Réouven Karlenchtein, zatsal, nous rappelle que, généralement, lorsque la Torah utilise le terme de « Am », peuplec’est dans un sens péjoratif. Parmi les enfants d’Israël, il s’agit des hommes simples, qui sont ainsi désignés, et à leur tête le « Erev-rav », ce ramassis des égyptiens qui accompagnèrent les enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte. Par contre, c’est le terme d’« Israël » qui est mentionné, lorsque la Torah veut parler des grands personnages et des Sages du peuple juif.

Au départ, sur les conseils de Bilaam, ce sont les filles de Moav, qui s’adonnent à la prostitution, sans difficulté, avec les premiers venus. C’est avec elles que « le peuple se livra à la débauche », et par suite « elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres ; et le peuple mangea et il se prosterna devant leurs dieux » (Id.2-3), leurs dieux, ceux de Moav ! Après quoi, dans une seconde étape, ce sont les grands hommes d’Israël qui fautèrent avec Péor : « Israël se prostitua à Baal-Péor et le courroux de l’Eternel s’alluma contre Israël » (Id. 3). L’Eternel a retenu sa colère, tant que seule la partie « faible » du peuple était fautive, mais lorsque c’est « Israël qui se prostitua », Son « courroux s’alluma » !   

 Comment comprendre que de grands hommes d’Israël aient pu accepter de se livrer à ce culte immonde du Baal Péôr ? Le Mélo Haömer explique que les madianites voulaient s’en prendre particulièrement aux grands d’Israël et les attirer vers leur Avoda Zara. Ils agirent par ruse en amenant, intentionnellement, Péor dans le camp de Moav. Les grands d’Israël, qui savaient que les dieux de Moav étaient autres que le Baal Péor, ne se sont pas méfiés. Aussi lorsque les femmes leur disaient : « Il n’est pas question de te prosterner, mais simplement de te découvrir devant cette idole ; tu peux même cracher sur elle, uriner, ou lui jeter tes excréments à la figure », ils pensaient se moquer et marquer leur mépris à un dieu de Moav. Or il s’agissait du Baal Péôr et ce rituel répugnant était justement la manière dont se pratiquait son culte idolâtre. Le stratagème des Madianites avait  réussi, ils avaient atteint leur véritable but ! 

Certes, pour Kozbi, son père aurait voulu qu’elle séduise Moché, le chef en personne, afin de le mettre en péril, et à travers lui, atteindre tous les enfants d’Israël. Zimri, était le chef de la tribu de Chimon, il lui fit croire qu’il était l’égal de Moché. Il l’amena effrontément devant Moché, et en signe de défi, il la conduisit aux yeux de tous dans sa tente. La conséquence fut que la tribu de Chimon sera celle qui aura perdu le plus grand nombre parmi les 24.000 morts du fléau. Cependant, l’objectif premier des Madianites n’était pas de donner Kozbi et leurs filles à la débauche, mais d’amener Israël au culte idolâtre du Baal-Péor, pour susciter la colère de l’Eternel et le livrer à Son châtiment.

Chabbat Chalom Oumévorakh