PARACHAT NASSO

PARACHAT  NASSO

Dans Nédarim (9b) la guémara rapporte les dires de Chimon Hatsadik, Cohen Gadol, qui n’avait jamais mangé du sacrifice d’un Nazir, jusqu’au jour où : « Un jeune nazir, de belle apparence, aux  beaux cheveux bouclés, originaire du sud, est venu à moi. Je lui ai demandé pourquoi il avait décidé d’être nazir et de raser ses cheveux (car le nazir doit couper ses cheveux à la fin de sa nézirout). Il m’a répondu qu’il était berger, et qu’un jour il avait vu son reflet dans la rivière. Et il avait ressenti, à ce moment que son Yetser-harà (mauvais penchant) risquait de l’entrainer à pécher. C’est alors qu’il s’était dit : Rachà pourquoi t’enorgueillir de cette beauté extérieure, dans un monde qui n’est pas le tien ! Il décida alors de devenir nazir pour avoir à couper ses cheveux, léchem chamaïm. » Chimon Hatsadik l’a alors embrassé sur le front, et lui a dit : « Qu’il y ait beaucoup de nézirim, à ton exemple, en Israël. »

On peut se demander en quoi le fait d’être nazir, et de se raser les cheveux peut aider l’homme à surmonter son mauvais penchant, d’autant que le nézirat n’est pas l’engagement de toute une vie, mais s’observe sur une très courte période : trente jours.

Le Rav Moché Feinstein zatsal s’interroge aussi à savoir pourquoi l’abstinence du nazir ne concerne que le vin et pas toute autre boisson alcoolisée ? Il répond, que l’homme qui a vu la Sotta dans sa disgrâce, doit faire vœu de nazirat (Sotta 2a), car la consommation de vin peut avoir favorisé la conduite immorale de cette femme. Mais ce choix n’est pas que centré sur le vin. Cet homme doit entreprendre un véritable changement d’orientation dans la direction de sa vie. Il doit comprendre qu’il ne doit pas suivre ses tendances et ses pulsions, mais soumettre ses désirs aux injonctions de la Torah. S’interdire le vin est l’acte symbolique qui vient marquer ce changement. Ce n’est donc pas l’abstinence du vin qui le fera grandir mais la décision qui sous-tend cette démarche.

Le corps de l’homme est l’enveloppe qui renferme l’âme qui l’anime, laquelle le mène à accomplir  la volonté divine, et par suite lui permettra de sanctifier les moindres besoins physiques du corps.

          Ce berger a compris qu’il ne devait pas s’enorgueillir dans un monde qui n’est pas le sien, celui de son corps, mais rechercher celui de son âme liée à l’Eternel. Cette compréhension lui fut suffisante dans son combat contre le Yétser-harah, portée par une nézirout d’un mois. C’est pourquoi la démarche interne du nazir ne nécessite pas qu’il s’interdise d’autres boissons.

Le Alchikh fait remarquer : « Et le Cohen opérera le balancement … alors le nazir pourra boire du vin » (Bamidbar VI, 20). Ce verset parle du nazir arrivé au terme de ses trente jours. Sa nazirout terminée, il vient apporter ses sacrifices, pourquoi donc la Torah l’appelle t elle encore nazir ? C’est que ce statut élevé ne le quittera pas, résultat d’une formidable ascension spirituelle intérieure. Cet homme gardera pour toujours le titre saint de nazir, bien qu’il puisse dorénavant consommer du vin.

Le rav Yaakov Kaminetski, zatsal, fait remarquer que les midrachim, comme les versets, rapportent la nézirout d’hommes plutôt jeunes. « Et c’est parmi vos fils que J’ai suscité des prophètes, parmi vos adolescents des Naziréens » (Amos II, 11). C’est parce que la jeunesse permet plus facilement d’opérer de tels changements de comportement.

Chabbat Chalom Oumévorakh