Parachat Matot

Parachat Matot

Dans notre paracha, à propos des vœux formulés par la femme, la Torah nous dit : « Si son époux les annule le jour où il en a eu connaissance, tout ce qu’a proféré sa bouche, soit vœux, soit interdiction personnelle, ne seront pas maintenus : son époux les a annulés, et D… lui pardonnera. » (Bamidbar XXX, 13). D… lui pardonnera ? Mais quelle serait sa faute puisque son vœu a été annulé ?

Nos sages (Nazir 23a) répondent : « Qu’il s’agit là d’une femme dont le mari a annulé le vœu, à son insu. Lorsqu’elle transgresse ensuite son vœu (dont elle ignore l’annulation), elle doit se faire pardonner, de l’avoir transgressé (volontairement).» Lorsque Rabbi Akiva arrivait à ce verset, il éclatait en sanglots en disant : « Si déjà, celui qui voulait manger de la viande de porc et qui mange de l’agneau, a besoin d’une Kapara (d’une expiation), à plus forte raison qui a voulu manger du porc et en a effectivement mangé, ô combien devra t il se faire pardonner ! » 

On ne comprend pas vraiment ce que Rabbi Akiva vient nous enseigner. Est-il possible de croire que celui qui mange du porc n’ait pas à se faire pardonner ?

Le Rav Chimchon Pinkous, zatsal, rapporte la Guémara (Kidouchin 81a) qui relate l’histoire de Rabbi Hiya Bar Achi, lequel priait chaque jour au moment des supplications : « Que le Miséricordieux me sauve du mauvais penchant ! » Un jour sa femme l’entendit supplier ainsi et se dit : « Cela fait pourtant plusieurs années qu’il s’est séparé de moi (par vieillesse), craint-il encore le Yétser Hara ? » Elle décida de le mettre à l’épreuve et un jour alors qu’il étudiait, elle se présenta à lui sans qu’il ne la reconnaisse, et le fit succomber. Elle le trouva ensuite assis à la maison, à l’intérieur du four, pour se brûler et se punir. Elle lui révéla alors que c’était elle-même. Il lui rétorqua cependant que son intention était la faute et c’est pourquoi il jeûna ensuite tous les jours de sa vie jusqu’à sa mort !

Mais que s’est-il passé ce jour-là ? Comment après tant d’années et de prières, il ait pu faillir vers la faute ? N’avait-il pas eu jusque là d’autres épreuves qu’il surmonta ?

Le Rav Pinkous nous rappelle cet enseignement de nos sages : « Si l’Eternel ne vient pas en aide à l’homme, il ne pourra vaincre son mauvais penchant, comme il est dit : « Le racha (le Yetser harah) fait le guet pour perdre le juste, il cherche à lui donner la mort, l’Eternel ne l‘abandonne pas entre ses mains (Téhilim XXXVII, 32-33). Pour être sauvé de la faute, il faut l’aide indispensable du Ciel !

Chaque jour Rabbi Hiya priait et lorsqu’une tentation à la faute se présentait à lui, il avait l’aide d’Hachem qui lui permettait de surmonter toutes les épreuves. Cependant ce jour là, il n’y avait pas de transgression, puisqu’il s’agissait de sa propre femme. Il y avait même une mitsva puisqu’elle regrettait ces années de séparation. L’aide du Ciel n’avait donc pas lieu d’être.

C’est ce que Rabbi Akiva est venu nous enseigner : « Si celui qui voulait manger du porc et qui mangea de l’agneau, ce qui en soi n’est  pas un péché et ne requiert pas l’aide du Ciel, doit se faire pardonner pour sa seule intention, a fortiori qui mange la viande de porc et qui transgresse, bien que D… lui soit venu en aide pour qu’il se retienne, celui ci devra davantage se faire pardonner.

Chabbat Chalom Oumévorakh