Parachat Massé

Parachat Massé

            « Vous préparerez pour vous des villes; elles seront pour vous cités d’asile : là s’enfuira le meurtrier, homicide par imprudence. »(Bamidbar 35,10).

L’assassin  « involontaire » va devoir quitter sa ville pour venir habiter une des villes de refuge. C’est une mesure de protection face au « vengeur du sang », en général un proche parent de la victime, qui a le droit, voire la Mitsva (d’après Rabbi Akiva) de tuer le meurtrier, s’il venait à le rencontrer hors de la ville refuge.

            C’est que l’assassin a, tout de même, une part de responsabilité dans ce qui est arrivé, quand bien même il aurait  « heurté fortuitement (sa victime), sans hostilité, ou … jeté quelque objet sur (elle) sans dessein de l’atteindre » (35,22). L’exil dans la ville refuge sera aussi une « Kapara », une souffrance qui pardonnera son acte (guemara Makot ) ; et il y restera  « jusqu’à la mort du Cohen Gadol et après la mort de ce grand prêtre il pourra retourner au pays de sa possession » (35,28).

 Mais pourquoi donc la libération du meurtrier est-elle liée à la mort du Cohen Gadol ?

       Rachi donne cette explication : « le grand-prêtre aurait dû prier pour qu’un tel crime ne se produise pas en Israël, de son vivant ». Lui qui présente les offrandes de « h’atat » en expiation des fautes involontaires, il a comme une part de responsabilité dans l’événement. Le targoum Yonathan dit qu’il avait même le pouvoir de supprimer ce péché par sa prière ; il ne l’a pas fait, il doit mourir. C’est dire combien le meurtrier, impatient de retrouver sa ville natale, va prier pour que meurt le Cohen Gadol. La Guémara raconte que les mères des grand-prêtres apportaient nourritures et toutes sortes de bonnes choses à ces exilés, afin qu’ils ne prient pas pour la mort de leur fils. D’après cette explication, le Cohen Gadol est ainsi incité  à prier constamment en faveur de sa génération.

            Une autre raison rapportée par Rachi au nom du Sifri rappelle que « le Cohen Gadol vient faire résider la Majesté Divine sur les enfants d’Israël et prolonger leur vie, tandis que le meurtrier a éloigné la Chékhina d’Israël et a raccourci une  vie ». Il ne convient pas qu’il puisse être en présence du grand-prêtre. Il n’en est pas digne. Suivant cette explication, le Rav Yérouham Leivovitch zatsal de Mir confirme que le but des villes de refuge est d’éloigner l’assassin de l’environnement du Cohen Gadol. Sa punition est d’être chassé du lieu de la résidence divine, à l’instar du premier homme, Adam, renvoyé du Gan Eden après la faute. Car grande est la sanction, d’être écarté du lieu de sainteté du peuple d’Israël, pour tout juif fut-il assassin.

       La Guémara (kétoubot 110b) déclare que tout celui qui habite hors d’Israël (à l’époque du temple) est considéré comme n’ayant pas de D…On l’apprend du roi David : « ils m’ont empêché, en me chassant, de m’attacher à l’héritage de l’Eternel et m’ont dit : va servir des dieux étrangers! » (Chémouel 1, 26, 19). Quels sont-ils, ceux-là,  qui auraient dit à David Hamélékh d’aller se livrer à l’idolâtrie? Il s’agit de ses poursuivants, qui l’obligeant à fuir, l’ont amené à sortir de la terre d’Israël, lieu de la résidence divine.  Cet exil forcé qui l’a privé de servir D… comme il l’aurait souhaité, a été vécu par David comme un rejet vers des dieux étrangers.En cette période de Ben Hametsarim nous prions pour que notre exil se termine, et que l’on retrouve très prochainement cette proximité avec la Chékhina, qui résidera en terre d’Israël, dans le Beth Hamikdach, Amen. 

Chabbat Chalom Oumévorakh