Parachat LEKH LEKHA

Parachat LEKH LEKHA

« Abram partit comme le lui avait dit l’Eternel, et Loth alla avec lui. » (Beréchit XII, 4). Quitter son pays, sa ville natale et la maison paternelle, c’est une des dix épreuves d’Abraham. « Loth (son neveu) alla avec lui. » Il abandonne donc, lui aussi, sa famille et tout son entourage idolâtre. Pourtant, par la suite, après une dispute entre les bergers de Loth et d’Abraham, Loth dira : « Je ne veux ni d’Abraham ni de son D… » (voir Rachi Beréchit XIII, 11). Tant que Loth l’accompagnait, la Chékhina quitta Abraham,  et D… ne se révéla à lui par la suite, qu’une fois qu’il s’en sépara.

Lorsque l’Eternel s’est adressé à Abraham, Il lui demanda de s’éloigner : « de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle » (Id.XII, 1).  Il semble que l’ordre ait été inversé : on quitte d’abord la maison de son père, puis ensuite sa ville et enfin son pays. Le Rav Leib Hasman, zatsal, répond qu’Abraham ne devait pas simplement quitter physiquement son endroit, mais surtout s’éloigner des mœurs de son pays, de sa ville et de sa maison. Et c’est du pays que l’on s’éloigne en premier puisqu’on est évidemment moins influencé par son pays que par sa ville, et par sa ville que par sa maison.

Loth suivit Abraham et alla avec lui mais contrairement à son oncle, ce ne fut qu’une sortie physique de sa ville, il reste avec ses idées et les habitudes de son pays. C’est pour cela qu’il choisira le jour venu de s’installer à Sdom, lieu de débauche et de dépravation, ville inhospitalière, ville contraire aux valeurs d’Abraham.

A propos du verset : « Le fuyard vint en apporter la nouvelle à Abram l’Hébreu… Abram ayant appris que son frère était prisonnier arma ses fidèles… » (XIV, 13-14). Le Sforno explique que le fuyard, le géant Og ne savait pas qu’ils étaient parents ; il savait simplement qu’ils avaient des idées communes. Bien que Loth ait rejeté le D… d’Abraham, lorsque les anges voulurent détruire Sdom, il resta toute la nuit à chercher des arguments pour annuler ce décret. Il aurait presque réussi si les habitants de la ville n’étaient pas venus les chercher.

Comment comprendre la personnalité de Loth, et les contradictions de son comportement ? Il choisit Sdom, mais essayera de pratiquer le Héssed, la générosité et l’hospitalité qu’il a vues chez Abraham : il fera cuire des Matsot pour les anges qu’il reçoit (Id.XIX, 3) parce que c’était la période de Pessah. Cependant il ne sera sauvé du sort des habitants de Sdom que par le mérite d’Abraham.

.         On remarquera que la Torah ne mentionne que d’une manière générale tous ceux qui ont accompagné Abraham, « tous les gens qu’ils avaient faits à Haran », ceux qu’ils avaient convertis et ramenés sous les ailes de la Chékhina. Même Eliezer l’esclave fidèle d’Abraham n’est pas mentionné. Seul Loth est désigné dans le verset. C’est que tous ceux qui accompagnaient Abraham fusionnaient avec lui, sa pensée et son mode de vie. Loth, quant à lui, reste le même pour ne suivre que les pas de son oncle.

Loth était le fils de Haran, le frère d’Abraham qui mourut à Our Kasdim, pour avoir suivi le chemin de son frère, mais dans un choix tactique, dans une adhésion partielle. C’est ce que fit aussi Loth, il suit et copie Abraham, mais superficiellement car il reste attaché à son monde.

Pour Abraham, la Torah parle de sa tente : « il y dressa sa tente » (Id. XII, 8), une seule tente, laquelle symbolise une même pensée, un même accueil, alors qu’il avait avec lui des centaines voire des milliers de personnes. Mais pour Loth il est dit : « Loth aussi qui accompagnait Abraham avait du menu bétail, du gros bétail et des tentes » (Id, XIII, 5), plusieurs « tentes », à l’image de ses pensées et de ses conduites contradictoires.

Chabbat Chalom Oumévorakh