Parachat Kora’h

Parachat Kora’h

Dans la Paracha de cette semaine Kora’h s’oppose à Moché Rabbénou. Il vient chercher querelle, accompagné de deux cent cinquante personnalités, notables, princes de la communauté et chefs de Sanhédrin, et dire à Moché et Aaron : « pourquoi donc vous érigez- vous en chefs de l’assemblée du Seigneur? ». Moché va leur proposer, dans sa réponse, l’épreuve de l’encens : « D…fera savoir qui est digne de Lui (…) munissez vous d’encensoirs (…) mettez-y du feu et placez dessus du parfum, devant l’Eternel… »

Celui que D… choisira en sortira vivant, les autres périront (Rachi 16,6). Et c’est ce qui arriva, le sol se fendit et la terre engloutit Kora’h et toute sa famille ; un feu s’élança de devant D… et consuma les deux cent cinquante hommes qui avaient offert l’encens. Comme le peuple s’en prenait à Moché et à Aaron, un fléau sévit que seule l’intervention d’Aaron avec l’encens (la Kétoret) arrêta. « Les morts par ce fléau furent au nombre de quatorze mille sept cents ». Après quoi, l’Eternel demande à Moché de prendre, de chaque chef de tribu, « un bâton, un bâton par famille paternelle, (…) le nom de chacun, tu l’écriras sur son bâton, et le nom de Aaron (…) sur le bâton de Lévi. (…) Or l’homme que J’aurai élu son bâton fleurira et ainsi Je mettrai fin aux murmures des enfants d’Israël».

                La question s’impose, pourquoi l’épreuve du bâton n’intervient-elle qu’après la mort de Kora’h, celle de son assemblée, et après aussi ce terrible fléau qui tua tant de personnes ? Proposé dès le départ, « le signe du bâton », qui confirme l’élection d’Aaron, aurait mis fin à toute dispute, et épargné tant de vies humaines.

             Le Rav Koppelman zatsal répond, que Kora’h savait bien que ses arguments n’étaient pas suffisants pour convaincre le peuple de le suivre. Le seul moyen d’attirer vers lui ces 250 chefs de Sanhédrin était dans la moquerie et la raillerie (Létsanout). Le Midrach rapporté par Rachi (16,8) nous apprend qu’il les revêtit d’habit, entièrement fait de laine d’azur, pour aller demander à Moché si cet habit était soumis au commandement des Tsitsit. Comme Moché répondit par l’affirmative, ils se moquèrent de lui. Et quoi, si un seul fil d’azur suffit à rendre conforme un habit de toute autre couleur, pourquoi cet habit, entièrement d’azur, ne pourrait-il pas se rendre conforme par lui-même? De même, qu’il faille quelques lignes dans une Mézouza pour une maison, quand bien même elle serait  pleine de livres de Torah…

                Lorsqu’on utilise l’ironie et la raillerie, il n’y a plus de place pour une discussion sérieuse et un débat objectif. Car comme dit le Méssilat Yécharim (Ch5) « la moquerie est comme un bouclier enduit de matière grasse qui fait  glisser et tomber toutes les flèches qui lui sont lancées ». Par la Létsanout l’homme repousse toute remarque qui lui serait adressée. C’est pourquoi le moqueur s’attire des souffrances, seul moyen de le ramener à la raison, comme dit le verset : « les châtiments sont tout prêts pour les railleurs » (Michlé 9,29).

On peut maintenant comprendre que  « le signe du bâton » n’aurait eu aucun effet sur Kora’h et son assemblée, enfermés dans la raillerie. C’est uniquement après que le peuple fut frappé et les enfants d’Israël ramenés à la raison que ce signe trouve sa justification, et produira l’effet recherché.

 Chabbat Chalom Oumévorakh