Parachat KI TAVO

KI TAVO

A l’approche de Roch Hachana, il est intéressant de relire le rav Israël Salenter, zatsal, et sa célèbre lettre sur le mois de Elloul (Or Israël 14). Il rappelle l’époque où la simple mention du mois de Elloul faisait trembler d’effroi. Une crainte qui portait ses fruits par le fait que chacun, selon son niveau, se rapprochait de l’Eternel.   

Cependant, nous fait remarquer le rav, contrairement à la logique, ce n’est pas celui, qui « occupé » toute l’année, s’étant quelque peu égaré du chemin des Mitsvot, se trouve maintenant empreint de remords et cherche à s’amender. Paradoxalement  c’est celui qui toute l’année a multiplié mitsvot et étude de la Torah, c’est celui-là qui se sent concerné par le jour du jugement qui arrive.

Les raisons d’après le rav sont à la fois matérielle et spirituelle. Le côté matériel, c’est l’habitude, qui conduit l’homme pour le bien comme pour le mal. Après une année passée sans vraiment réfléchir à ses actions, l’homme continue de vaquer à ses occupations, sans réfléchir outre mesure à Roch Hachana qui arrive. L’autre raison, qui celle-ci est spirituelle, est que la faute engendre un souffle d’impureté lequel obscurcit l’esprit de l’homme et le rend insensible à la spiritualité. Après une année de « faux-pas » et de petites fautes, il aura du mal à se défaire de cette Toum’ah qui aura enveloppé son cœur.

Le Tour cite le midrach (Pirké Dérabbi Eliezer) qui rapporte que lorsque Moché Rabbénou est monté Roch Hodech Elloul pour la troisième fois au ciel, les enfants d’Israël ont alors sonné du Chofar pour proclamer : « Moché est monté au ciel pour quarante jours, et cette fois-ci pas question de se tromper comme la première fois, et risquer encore une faute telle que celle du veau d’or. » C’est à propos de cette sonnerie qu’il est écrit : « D… s’élève dans les hauteurs par le son de la Téroua, l’Eternel au son du Chofar » (Téhilim XLVII, 6). C’est pourquoi, conclut le Tour,  nous avons pris le Minhag de sonner du Chofar pendant le mois de Elloul.

Pourtant, sonner du Chofar pour la montée au ciel de Moché, comme sonner tout le mois de Elloul n’est pas une obligation, et le verset  cité concerne implicitement la seule mitsva du Chofar. C’est d’ailleurs un Passouk que l’on récite le jour de Roch Hachana avant les sonneries. En quoi ces sonneries sont-elles  si importantes que l’on puisse dire que l’Eternel « s’élève » par ce Chofar ?

Le rav Yitshak Dov Koppelman, zatsal, Roch Yéchiva de Lucerne expliquait que cette sonnerie est en fait un pas en avant de la part des enfants d’Israël, une précaution pour ne pas fauter et trébucher encore une fois, et c’est cela qui est important aux yeux de l’Eternel. Ainsi un mois avant Roch Hachana nous faisons quelques pas en avant et nous nous préparons au jour du jugement, de notre propre initiative, ce qui est apprécié par D… parce que cela vient de nous même.  Le chofar est en fait un symbole, un exemple, pour nous réveiller et nous indiquer que tout ce que l’on peut faire de soi-même est agréé aux yeux d’Hachem et nous promet une bonne et douce année.

Chabbat Chalom Oumévorakh