Parachat ‘HAYE SARAH

‘HAYE SARAH

« Or, Abraham était vieux, avancé dans les jours ; et l’Eternel avait béni Abraham en tout (bakol). Abraham dit au serviteur de sa maison … : Mets, je te prie, ta main sous ma hanche ; et je t’adjurerai par l’Eternel … de ne pas choisir une épouse à mon fils parmi les filles de Canaan … mais tu iras dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils Yits’hak. » (Beréchit XXIV, 1-4).

Le Ramban explique qu’Abraham se trouvant vieux, a fait jurer son serviteur, parce qu’il craignait de mourir avant même que celui-ci ne revienne. D… a béni Abraham en tout : longue vie, enfants, richesse, honneurs … ce que tout homme peut espérer sur terre. Le verset vient nous dire qu’Abraham était entier dans tout (bakol). Il ne lui manquait qu’une seule chose : assurer la descendance de son fils qui hériterait de sa  grandeur et de son honneur.

Généralement, l’homme est à la recherche de plus. Il désire toujours posséder davantage. Abraham a été béni « ba-kol » (litt. dans tout) par le sentiment qu’il éprouve de se suffire de ce qu’il a. Abraham est entier, parfait, et ne ressent pas le besoin de plus. « kol » c’est la perfection, la Chlémout.

Nos patriarches avaient tous cette qualité de « kol » comme il est dit aussi à propos de Yits’hak : « J’ai mangé de tout (mi-kol) avant ton arrivée » (Id. XXVII, 33), et pour Yaakov : « Puisque D… m’a favorisé et que je possède tout (kol) » (Id. XXXIII, 11), alors que Essav dit : « J’ai beaucoup (rav) mon frère, garde ce que tu as » (Id. XXXIII, 9).

La Guémara (Baba  Batra 17b) apprend de ces trois mots Bakol, Mikol, Kol, que Abraham, Yits’hak et Yaakov ont goûté au monde futur dans ce bas monde. De là aussi, elle déduit que le mauvais penchant n’avait plus d’emprise sur eux et par suite que l’ange de la mort ne pouvait pas non plus s’emparer d’eux. Leur corps n’a pas été attaqué par la vermine et ne s’est pas décomposé. Le Kol est la perfection et le niveau le plus élevé que l’on puisse atteindre dans ce monde.

Le Rav Haïm Fridlander, zatsal, explique que le « Kol » est ce qui relie la matérialité à la spiritualité comme il est dit : « A toi Seigneur … car tout (kol) au ciel et sur la terre (est tien). » (Divré Hayamim I, XXIX, 11). Son maître le Rav Desler zatsal expliquait les différences entre les patriarches. Abraham, « bakol », utilisait toute la matérialité, tout ce que ce monde-ci pouvait proposer, pour le service Divin. Il s’était lui-même retiré des plaisirs terrestres, mais en faisait usage pour les autres, pour ses invités en leur proposant le meilleur. Comme l’explique le rav Israël Salanter, zatsal, à propos de Moché rabbénou, le Midrach (Dévarim Rabba 11) dit qu’il était « l’homme de D… »(Dévarim XXXIII, 1), une moitié de son corps tournée vers le Divin, rayonnant et lumineux, et l’autre moitié vers l’homme, sachant conduire les enfants d’Israël dans ce monde matériel tout en restant rattaché au spirituel.

Yits’hak, « mikol » : une partie du kol seulement ! Lui, qui était dans la rigueur, avec un regard critique vis-à-vis de ce monde, ne profitait que du strict minimum, en éprouvant le sentiment d’avoir tout pris. Quant à Yaakov, c’est le « kol », celui qui n’utilise que ce dont il a besoin pour servir l’Eternel. C’est ce qu’il dit à Essav : « J’ai tout », tout ce qui m’est attribué, tu n’as pas besoin de m’envier, chacun reçoit ce qui lui est nécessaire.

Nos patriarches, chacun selon sa mida de « kol », avaient atteint la perfection sans réclamer davantage et c’est pourquoi nous aussi, nous demandons, particulièrement dans le Birkat Hamazon, d’être béni comme nos ancêtres : Bakol – Mikol – Kol. 

Chabbat Chalom Oumévorakh