Parachat Ekev

Parachat Ekev

« Et maintenant, ô Israël, ce que l’Eternel ton D… te demande uniquement, c’est de craindre l’Eternel ton D… », (Dévarim X, 12).

Rabbi ‘Hanina, dans Bérakhot 33b, déduit de là, que : « Tout est dans les mains du Ciel, à l’exception de la crainte du Ciel ». Nos Sages, posent cette question évidente : comment le verset peut-il nous recommander, de craindre simplement l’Eternel, comme si la crainte du Seigneur était une si petite chose ? La Guémara poursuit, et répond qu’effectivement, pour Moché, la crainte du Ciel était une petite chose.

Quelle est cette crainte dont on parle ? Sachant que D… punit les réchaïm et récompense les tsadikim, son premier niveau serait la peur du châtiment, une peur instinctive, viscérale, de la sanction. Inscrite dès sa création dans la nature de l’homme, elle est, a priori, dans les mains du Ciel. Il s’agit donc ici de tout à fait autre chose, du niveau supérieur, de la crainte révérencielle, celle de la vénération : la yirat haromémout.

C’est pourquoi les commentateurs continuent de s’interroger, parce que la Guémara n’a pas vraiment répondu à la question, laquelle persiste, étant donné que Moché Rabbénou s’adresse ici aux enfants d’Israël, et que pour eux la crainte du Ciel est une grande chose, difficile à acquérir. Moché ne peut donc pas nous dire que c’est uniquement ce que demande l’Eternel.

            Le Maguid de Douvna rapporte la réponse du Gaon de Vilna, qui écrit que Moché rabbénou était rempli de la crainte du Ciel, au point que tout celui qui s’approchait de lui en était imprégné. Dans sa proximité, et à sa suite, il était plus facile pour tout un chacun de pouvoir accéder, lui aussi, à la Yirat Chamayim. Comme celui qui verse de l’eau dans un ustensile, celui-ci une fois rempli, tout supplément d’eau versée va déborder sur les ustensiles d’à côté.

La Torah, poursuit, au verset 20 : « tu Le craindras et tu Le suivras, tu t’attacheras à Lui » (Oubo Tidbak). La Guémara s’interroge, comment peut on s’attacher à D… puisqu’il est aussi écrit que « l’Eternel est un feu dévorant » (Dévarim IV, 24) ? Réponse : ce qui nous est demandé, ici, est de chercher à s’attacher aux Talmidé ‘Hakhamim, aux Sages de chaque génération ! Prenant exemple sur eux, et imprégnés de leur conduite, c’est ainsi que nous parviendrons à Le craindre, avec la Yirat Haromémout, et à Le servir, comme il convient.

On retrouve aussi cette idée dans la Paracha de Vayékél, après que Moché ait convoqué toute la communauté des enfants d’Israël. Le verset précise alors : « Toute la communauté des enfants d’Israël se retira de devant Moché » (Chémot XXXV, 20). Les commentateurs nous font remarquer : « de devant Moché », pourquoi fallait-il le souligner ? Etant donné que Moché avait réuni tout le peuple autour de lui, il est évident que c’est de devant lui qu’ils se retirèrent.

            Le Rav Eliahou Lopian, zatsal, rapporte ce célèbre verset de Michlé (Proverbes III, 34) : « Se trouve-t-Il en présence de railleurs, Il leur oppose la raillerie, mais Il accorde Sa bienveillance aux humbles », verset que Rachi explique en disant que, généralement, l’homme adopte progressivement la conduite de son entourage, auquel il finira par ressembler, et de la fréquentation des humbles, il sera pénétré d’humilité. Malheureusement, de même au contact des railleurs il deviendra railleur.  

Les enfants d’Israël se retirèrent de devant Moché et aussitôt à leur démarche, à leur comportement, on pouvait deviner qu’ils sortaient de « devant Moché». La présence de Moché, la seule proximité du Sage de la génération, avait une forte influence sur tout le peuple et de l’avoir approché, ne serait-ce que quelques instants, se reflétait nettement dans leur conduite. 

Chabbat Chalom Oumévorakh