Parachat Chémot

Parachat Chémot

 Lorsque l’Eternel se manifeste à Moché Rabbénou, à travers le buisson ardent, et lui demande d’aller en Egypte délivrer les enfants d’Israël, aussi étonnant que cela puisse paraître, Moché refuse : « De grâce, Seigneur ! Donne cette mission à quelqu’un d’autre ! » (Chémot IV, 13), et se fait même prier pendant sept jours.

Le Ramban explique que c’est par modestie que Moché ne veut pas accepter la mission que D… lui propose, arguant que tout autre que lui, serait plus apte à cette tâche. Lui, l’homme le plus humble de la terre (Bamidbar XII, 3) ne se voit pas dire à Pharaon : « L’Eternel m’a envoyé », ni se placer à la tête du peuple d’Israël, en tant que roi ou en tant que dirigeant quelconque. Et surtout Moché ne veut pas faire de l’ombre à son frère Aharon, plus âgé que lui, qui lui parait mieux convenir à cette mission.

Le rav Yérou’ham Léibovitch zatsal, (Daat ‘Hokhma Oumoussar) écrit que Moché refusa par crainte d’éprouver un soupçon d’orgueil, bien que de l’autre côté de la balance pesaient tous les degrés spirituels qu’il pourrait atteindre grâce au don de la Torah, et aux prophéties qui l’accompagneraient toute sa vie. Car dès le premier jour, l’Eternel lui avait dévoilé ce qu’Il prévoyait pour lui. Une telle mission ne pouvait être accomplie sans l’exceptionnelle pureté de cœur de Moché, et ce n’est que lorsque l’Eternel lui aura dit qu’Aharon « te verra et sera joyeux dans son cœur » que Moché finira par accepter.    

Le rav Haïm Kanievski zatsal, souligne aussi, qu’après avoir tué l’égyptien, Moché, dénoncé par les fameux Datan et Aviram, et par suite recherché par le Pharaon, s’était enfui d’Egypte. Il pouvait légitimement craindre d’être arrêté dès son retour. Mais ceci ne faisait pas partie de ses préoccupations. Seul l’honneur de son frère lui importait.

Le Ben Ich Haï (Od Yossef Haï) rapporte un Midrach Pélia (surprenant) qui dit : « Envoie quelqu’un d’autre » (Chéla’h Béyad Tichla’h) qui l’autre ? Rabbi Akiva ! Pourquoi particulièrement Rabbi Akiva ? Le Ben Ich Haï rapporte une fameuse discussion entre Rabbi Meir et Rabbi Yossi (Kidouchin 36a) : les enfants d’Israël sont-ils appelés « les enfants (banim) de l’Eternel », uniquement lorsqu’ils accomplissent Sa volonté, ou bien même lorsqu’ils se détournent de la Torah demeurent-ils Ses enfants ? Rabbi Akiva pense aussi qu’en toutes circonstances ils sont appelés « Banim », les enfants d’Hachem. C’est ce qu’il apparaît de l’histoire suivante :

          Tornosrofouss avait demandé à Rabbi Akiva (Baba Batra 10a) : « Si l’Eternel aime tant les pauvres pourquoi ne leur donne-t-Il pas Lui-même leur subsistance ? Rabbi Akiva lui répondit que c’était pour donner du mérite aux autres qui leur viendraient en aide. Mais justement, reprend Tornosrofouss, si le roi est en colère contre l’un de ses sujets et qu’il le jette en prison, malheur à qui le nourrira ! Rabbi Akiva répondit que ceci n’est valable que si la colère du roi était contre l’un de ses esclaves, mais s’agissant de son propre  fils, le roi remercierait qui lui apporterait à manger, même en prison.

Les enfants d’Israël avaient sombré jusqu’aux quarante-neuvièmes degrés d’impureté en Egypte, et provoqué la colère Divine. Mais de par Sa miséricorde envers « Ses enfants », l’Eternel va raccourcir leur esclavage et les fera sortir d’Egypte plus tôt que prévu. C’est donc, d’une certaine façon, grâce à rabbi Akiva, lequel affirme que même lorsque le peuple d’Israël faute, il demeure en toutes circonstances « enfants de l’Eternel » « Banim l’Hachem Elokekhem » que nous sommes sortis plus tôt d’Egypte. Voilà pourquoi Moché proposait à l’Eternel, l’homme le plus approprié pour délivrer le peuple d’Israël, soit rabbi Akiva.

Chabbat Chalom Oumévorakh