Parachat CHELA’H LEKHA

CHELA’H LEKHA

En étudiant cette « paracha des explorateurs », on ne comprend pas très bien quelle a été leur faute. Ils ont été envoyés pour explorer la terre et ont effectivement donné un compte rendu de ce qu’ils avaient pu observer pendant ces quarante jours de leur voyage. Cette démarche se conçoit, avant d’entrer en guerre dans un pays, on cherche à connaître ses points faibles, et les coutumes de ses habitants.

Ces explorateurs ont vu une terre occupée par des géantset « un pays qui dévore ses habitants ! » Car l’Eternel avait fait périr nombre d’entre eux, de sorte que les Cananéens se souciaient d’enterrer leurs morts et n’ont même pas remarqué leur passage.  Peut-on leur reprocher de ne pas avoir pensé que c’est l’Eternel qui avait provoqué cette situation, afin qu’ils ne soient pas repérés ?

Le Hafetz Haïm explique que leur faute est de ne pas avoir vu le bon côté de la terre et de s’être focalisé sur les aspects « négatifs ». S’ils avaient eu, en eux, un « Ayin Tov », un regard positif des choses, ils n’auraient même pas remarqué quelque aspect discutable.

Rabbi Eliezer Hagadol (le maître de rabbi Akiva) avait dit : « Mon fils, ne soit pas, vis-à-vis de ton prochain, comme une mouche, qui ne se pose que sur la plaie, ou sur la peau abîmée, et qui délaisse toutes les parties saines. Cache la tâche de ton prochain et ne la dévoile pas à tout le monde. »

Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva Ch 3, 217) dit aussi à propos du Lachon Hara : « Le péché se joue des insensés ; parmi les hommes droits règne le contentement » (Michlé XIV, 9). L’insensé va toujours chercher le mal et les défauts des autres, alors que l’homme droit trouve toujours le bon  chez l’autre. Comme le rapporte le Hovot Halévavot : deux hommes qui passent à côté d’une bête morte, l’un dira : Combien cette dépouille sent mauvais, et l’autre de lui répondre : Combien blanches sont ses dents. »  

Moché rappellera la faute des explorateurs : « Vous murmurâtes (Vatéraguénou) dans vos tentes et vous dites : C’est par haine que l’Eternel nous a fait sortir d’Egypte… » (Dévarim I, 27). Ce terme Vatéraguénou vient du mot « Nirgane » qui désigne d’après Rabbénou Yona (fin du ch 3) un homme qui en permanence est à la recherche de tout ce qui ne va pas chez les autres, toujours dans le mécontentement et dans la plainte, il viendra à penser que l’Eternel se venge et le punit injustement.

Voilà ce qui est reproché aux explorateurs, d’avoir été dans une démarche tellement négative, qu’elle les mena à la médisance. On remarquera que le verset ne parle pas de « Méraglim » (explorateurs) mais de « Tarim » (Vayatourou, verset 21, ou encore Latour , verset 17). La différence entre ces deux termes est que l’un est positif et l’autre négatif (Haktav Véhakabala). Latour c’est rechercher le bien dans un pays et Léraguél c’est le contraire. Moché avait envoyé les explorateurs chercher le bien, et dire aux enfants d’Israël combien la terre est extraordinaire, par contre, ils ont, eux, cherché dès le départ autre chose. C’est pourquoi dans Dévarim lorsque Moché les réprimande il utilisera le terme de Méraglim.

Les Bné Israël seront punis et resteront quarante ans dans le désert en regard des quarante jours du voyage des explorateurs qui pendant cette expédition étaient en mode de recherche du mal, et des éléments négatifs qu’ils allaient pouvoir rapporter, bien que le Lachon Harah ne dura que quelques instants.

Chabbat Chalom Oumévorakh