Parachat BE’HOUKOTAI              

Parachat BE’HOUKOTAI               

                          Dans la paracha de Bé’houkotaï nous lisons cette semaine les bénédictions promises à notre peuple pour l’étude de la Torah et pour l’observance des mitsvots, mais aussi les malédictions consécutives à leur négligence (à D… ne plaise). On aurait pu croire que le non accomplissement des mitsvots nous priverait simplement des bénédictions promises, ou que la Tora nous donnerait ici seulement quelques avertissements … malheureusement elle nous menace de véritables châtiments.

                         Apparemment, au terme de cette série de remontrances, le verset nous rassure : en cas de Téchouva«  je me souviendrai de mon alliance avec Yaakov ; mon alliance aussi avec Yitshak, mon alliance aussi avec Abraham, je m’en souviendrai, et la terre aussi, je m’en souviendrai » (Vayikra XXVI, 42). On pourrait penser, dès lors, que l’Eternel ayant rappelé le souvenir de nos ancêtres pour notre bien, la délivrance ne saurait tarder ! Cependant, nous souligne le Chla Hakadoch, le texte revient au verset suivant : « Cette terre restera donc abandonnée par eux, afin que, laissée par eux déserte elle répare ses chômages (la chmita non observée), et qu’eux-mêmes ils réparent leur iniquité … » (idem 43), pour encore … une nouvelle remontrance!

              Le rav Yaakov Galinski zatsal nous donne une explication, en rapportant la Guémara (Houlin 105a), au sujet de la durée d’intervalle qu’il convient d’observer après avoir mangé de la viande avant de pouvoir consommer ensuite du lait. La Guémara cite Mar Oukba lequel se considérait comme « du vinaigre fils de vin », parce que, tandis que son père observait vingt-quatre heures d’intervalle, lui, n’attendait que six heures, jusqu’au repas suivant.

           Mar Oukba ne pouvait-il pas attendre lui aussi vingt-quatre heures comme son père ? Il faut dire que son père avait atteint un degré de piété particulier. Comme dit le Hovot Halévavot certains hassidim (hommes vertueux) « s’éloignaient de soixante-dix portes des choses (qui nous sont malgré tout) permises pour ne pas risquer de transgresser et de traverser une porte interdite. Mar Oukba, lui, ne se situait pas au même niveau que son père et n’était pas capable de l’imiter. Pourtant Mar Oukba ne commettait aucune faute en attendant ces fameuses six heures (que retiendra d’ailleurs la Halakha), pourquoi donc va-t-il se qualifier de vinaigre face à son père comparé, lui, à du vin ?

                   Le commentaire du Méiri sur les enfants du prophète Chmouel (Guémara Chabat 56a) peut nous apporter des éléments de réponse. La Guémara affirme que « ceux qui disent que les enfants de Chmouel ont fauté se trompent ! Pourtant le verset dit bien que les fils de Chmouel ne marchaient pas sur ses traces (Chmouel I, VIII, 3) ; sur ses traces ils n’ont pas marché, mais ils n’ont pas fauté (rétorque la Guémara). Leur père voyageait … et rendait justice à Israël dans toutes ses villes (idemVII, 16), alors qu’eux ils restèrent dans leur ville attendant que le peuple vienne vers eux ». C’est évident, explique le Méiri, que Chmouel agissait, personnellement, au-delà de la stricte justice et pourtant on reproche à ses enfants de ne pas avoir eu la même conduite. Le père qui prend un engagement de piété oblige d’une certaine façon son fils, et celui-ci devrait vouloir suivre l’exemple de son père. On attend de lui qu’il s’efforce d’atteindre le même niveau.

                On comprend maintenant que  Mar Oukba, conscient du niveau spirituel de sa conduite, se déclare vinaigre par rapport à son père qu’il compare à du bon vin.

               De la même façon, on pourra expliquer les remarques qui nous ont été faites, bien que l’Eternel ait rappelé Son alliance avec Abraham,Yishak et Yaacov. Le souvenir de nos ancêtres et leur mérite suffiraient à sauver le peuple d’Israël, cependant notre conduite infidèle et le fait que nous ne nous soyons pas  efforcés d’atteindre leur niveau, justifient ces dernières remontrances.    

   Chabbat Chalom Oumévorakh