Parachat BALAK

Parachat  BALAK

Balak, roi de Moab, « envoya des messagers à Bilaampour lui demander maudis-moi ce peuple ». C’est que Moab avait grand peur de ce peuple, … et … tremblait à cause des enfants d’Israël », (Bamidbar XXII, 2, 5 et 6).

Rachi rapporte le Midrach Tan’houma : « Si tu te demandes pourquoi l’Eternel a fait résider Sa sainteté sur Bilaam, un païen pervers ? C’est pour ne pas donner prétexte aux peuples du monde à dire : Si nous avions eu, nous aussi, des prophètes, nous aurions retrouvé le droit chemin. L’Eternel leur a donné ce prophète, et ils ont fait une brèche dans les barrières morales du monde. A l’origine, ils faisaient attention aux relations interdites, et lui, Bilam, est venu les inciter à se livrer à la prostitution. »

Les commentateurs s’interrogent : certes, avec Bilaam, ils fautèrent davantage, mais tout simplement parce que Bilaam était, un rachà, un impie ! Si D… leur avait donné un prophète Tsadik, il en aurait été certainement autrement.

            Le Rav Chimchon Pinkous, zatsal, répond que Bilaam n’était pas un rachà devenu prophète, mais qu’une fois promu prophète, imbu de sa personne, il l’est devenu ! C’est cette particularité qui l’amena au niveau le plus bas de sa personnalité. Nos Sages nous ont révélé qu’il avait même des relations intimes avec son ânesse, (Avoda Zara 4b).

            La Guémara (Houlin 89a) explique : « Si l’Eternel vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous » (Dévarim VII, 7). L’Eternel a dit aux enfants d’Israël : « Je vous ai aimé parce que même lorsque Je vous donne de la grandeur, vous vous annulez encore plus devant moi. Abraham Je l’ai fait « grandir » et il a dit : « Je suis poussière et cendre » (Beréchit XVIII, 27). Moché et Aaron ont, eux, dit : « Car nous, que sommes nous ? » (Chémot XVI, 8). David lui aussi s’exprima ainsi : « Moi je suis un vermisseau, et non un homme » (Téhilim XXII, 7).

Alors que chez les idolâtres, au contraire, l’accès au  pouvoir alimente leur arrogance et leur impertinence. J’ai élevé Nimrod, il a dit : « Allons bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet atteigne le Ciel (la tour de Babel) » (Beréchit XI, 4), Pharaon, et il a dit : « Quel est cet Eternel dont je dois écouter la parole en laissant partir Israël? » (Chémot V, 2). De même pour San’hériv qui clamera : « De tous les dieux de ces contrées, quel est celui qui a soustrait mon pays à mon pouvoir ? » (Mélakhim 2, XVIII, 35).

            La grandeur donnée à l’homme est une force qui ferait germer la graine qui est en lui, et lui permettrait de se développer. Lorsque l’homme est « petit », son intérieur aussi est « léger », et peu apparent, par contre lorsque l’homme est important, la « grandeur » de son intériorité se dévoile aux yeux de tous.

Toutefois lorsque se révèle la personnalité d’Abraham, celle de Moché, ou celle d’Aaron, se dévoile aussi leur grande modestie. Tout au contraire, pour les idolâtres, ce sont leurs mauvaises « midot » qui se découvrent. Si Nimrod, Pharaon, ou San’hériv (pour ne citer que ceux-là) étaient restés « petits », on n’aurait pas pu discerner leur mauvaise conduite.

C’est aussi, conclut le rav Pinkous, le cas de Bilaam, qui était effectivement au départ, un homme bon, droit, aimé des nations, sa personnalité profonde n’apparaissait pas. Ce n’est qu’après avoir reçu la prophétie, que se révèlent ses mauvais traits de caractère, et sa conduite perverse.

            On notera aussi qu’Avimélékh (qui fit enlever Sarah), Lavan, Elifaz (le fils de Essav), et Bilaam, étaient tous des prophètes des nations et cependant leur « élévation » leur a été néfaste, tant ils voulaient agrandir leur « puissance ». Parce que justement la qualité de prophète, l’ayant élevé au dessus de tous les hommes (Rambam Yéssodot Hatorah ch 7 h 1), le prophète idolâtre, voudrait alors jouer le maître du monde, et pour anéantir toute concurrence, jusqu’à déraciner le peuple d’Israël tout entier.

Chabbat Chalom Oumévorakh