‘HAYE SARAH

‘HAYE SARAH

            Après avoir enterré Sarah, puis s’être occupé de marier son fils Yits’hak avec Rivka, « Abraham prit une nouvelle épouse, nommée Kétoura. » (Beréchit XXV, 1).

La Guémara (Zévahim 62b) nous rapporte une curieuse histoire, liée à ce verset. Rabbi Tarfon assis, enseignait la Torah à ses neveux, les fils de sa sœur, qui manifestement l’écoutaient sans montrer d’intérêt particulier à ses paroles. Rabbi Tarfon dit alors : « Abraham prit une nouvelle épouse, nommée … Yo’hani. » Ses neveux lui firent simplement remarquer qu’il était écrit Kétoura. Il dit alors : « Je vous appellerai enfants de Kétoura !» Remarque surprenante, quelle en est la signification ?

 Le rav Tourk (dans son livre Otsrotéhém Amalé) se propose de l’expliquer. Il commence par nous rappeler que Rabbi Tarfon était très riche, qu’il avait de quoi nourrir, à lui seul, des villes entières (Massékhét Kala Ch. 2, 13). Son amour pour la Torah le poussa à distribuer toute sa richesse aux étudiants et aux pauvres, pour s’adonner exclusivement à l’Etude, intensément, avec passion. Il devint rapidement l’un des grands Tanaïm de sa génération, et fut surnommé par ses contemporains : « le père de tout Israël » (Yérouchalmi Yoma 1, 1).

Rabbi Tarfon s’étonnait que ses neveux ne s’enflamment pas à écouter ses enseignements et qu’ils restent ainsi passifs, et peu motivés à l’Etude. Il avait à leur offrir bien des subtilités et des secrets de la Torah. Déçu, il les compara aux enfants de Kétoura, qui, bien que fils d’Abraham, n’ont pas suivi le chemin de leur père. Contrairement à Yits’hak, ils n’ont pas manifesté grand intérêt pour la Torah d’Abraham. Ils se sont contentés « des présents » matériels qu’il leur légua (verset 6), alors qu’à Yitshak, son fils spirituel, Abraham put transmettre tout son savoir.

Quant au nom de Yo’hani, il est possible que Rabbi Tarfon ait voulu faire allusion à cette sorcière, appelée Yo’hani, qui se trouvait en Egypte (Ménahot 85a) et qui se moqua de Moché, lorsqu’il jeta son bâton devant Pharaon pour le transformer en serpent. Elle lui avait dit : « En Egypte, chez les Maîtres de la sorcellerie, tu prétends nous impressionner avec ces artifices qui sont pour nous des jeux d’enfants.» Ses paroles exprimaient un manque de connaissance de la grandeur de Moché, et c’est ce que Rabbi Tarfon reprochait justement à ses neveux, leur manque d’appréciation de la valeur de l’Etude de la Torah.

Chabbat Chalom Oumévorakh