BEHAALOTEKHA

BEHAALOTEKHA

        « Chaque fois que la nuée s’élevait de dessus la Tente, aussitôt les enfants d’Israël levaient le camp ; puis à l’endroit où se fixait la nuée, là s’arrêtaient les enfants d’Israël. C’est sur l’ordre de l’Eternel que partaient les enfants d’Israël … parfois la nuée ne restait qu’un certain nombre de jours … parfois du soir jusqu’au matin,… ou bien un jour et une nuit, et quand elle se retirait, l’on partait » (Bamidbar IX, 17-21).

Le séjour dans le désert a été, pour les enfants d’Israël, un bon moyen d’arriver à la « Dvékout », la proximité ultime avec l’Eternel, qui leur a permis d’accomplir pleinement le verset : « Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur », (Téhilim XVI, 8).

            C’est ce que le Ramban nous explique au sujet des versets précédents. La Torah a décrit le tout, dans le détail, pour nous dire, que quand bien même la nuée s’attardait à prolonger le séjour, en un lieu qui ne convenait pas particulièrement aux enfants d’Israël, ceux-ci attendaient patiemment que D… décide de la levée du camp. Et inversement, lorsqu’à peine arrivés, encore fatigués de la route, la nuée se levait pour donner le signal de repartir, ils étaient prêts de bon cœur à la suivre immédiatement.

Ils ont réussi alors à annuler complètement toute velléité personnelle, pour se soumettre entièrement aux décisions du Ciel. Logiquement cette situation aurait dû entamer leur sérénité, mais bien au contraire, cette dépendance, en toutes circonstances, de l’intervention Divine leur apporta tout le calme nécessaire, comme il est dit : « J’ai apaisé et fait taire mon âme tel un enfant sevré, reposant sur le sein de sa mère, mon âme est calme en moi », (Téhilim CXXXI, 2). Tel enfant qui voyage dans les bras de sa mère, quelle que soit la route, les moments de halte, il est toujours porté par sa mère, dans un havre de paix.

C’est aussi le ressenti des enfants d’Israël, pendant ces quarante années de voyage dans le désert, nourris par la manne. Généralement lorsqu’un homme assume lui-même sa propre subsistance, il s’assure des réserves pour les lendemains à venir. Au désert la manne était l’incertitude et la surprise quotidienne. Le Yalkout Chimoni (Bamidbar 735) rapporte que les yeux des enfants d’Israël étaient tournés constamment vers le Ciel, ne sachant pas si la manne tomberait le lendemain. Bien que pendant des années, jour après jour, la manne tombait du ciel régulièrement, l’incertitude demeurait au jour le jour.

« Or le ramassis d’étrangers qui était parmi eux fut pris de convoitise … nous sommes exténués nous manquons de tout : point d’autre perspective que la manne ! » (Bamidbar XI, 4-6). Là aussi explique le Ramban, qu’est-ce que reprochait ce groupe d’étrangers : le fait de ne pas avoir d’avance « dans le panier », ce pain du lendemain ! Ils supportaient très mal cette dépendance au Ciel, qui était pour eux très anxiogène. Or c’est justement la réaction contraire que D… attendait du peuple d’Israël, afin qu’il apprenne à s’annuler devant Lui, dans le but de favoriser Sa proximité : la Dvékout, l’attachement  suprême à l’Eternel.

Le Rav Haïm Fridlander, zatsal, explique qu’une des raisons de la montée au Temple à Jérusalem, pendant les fêtes de pèlerinage, était d’apprendre à abandonner tout confort, justement au moment des fêtes. Il fallait monter à Jérusalem, toute la famille, dans des conditions pas toujours faciles. Qui n’était pas propriétaire d’une terre en était dispensé, parce que justement celui qui en possédait, se devait de faire ce travail, de prendre conscience de la fragilité de ses certitudes, de percevoir sa dépendance aux générosités du Ciel et de rechercher la proximité de D…

            Un autre moyen d’y arriver est dans la Prière comme l’explique le Hinoukh. D… a ouvert une porte aux enfants d’Israël par laquelle ils peuvent Lui demander tout ce qui est nécessaire à l’homme ! Car pendant la prière, on pourra ressentir que seul l’Eternel détient les clefs de notre avenir. Lui seul peut subvenir à tous nos besoins. Les yeux tournés vers le Ciel, nous pourrions alors éprouver les mêmes sentiments que ceux éprouvés par les Bné Israël, dans l’attente de la manne, jour après jour. 

Chabbat Chalom